Elodie Jonquoy
Chronique : « Dessine-moi un enfant » de Laura Vaissaud
Je m'attendais à tout, sauf à ça ! Une véritable pépite (une grosse pépite de plus de 500 pages, tout de même ☺)
C'est un thriller haletant et magnifiquement bien construit que signe Laura Vaissaud. Dessine-moi un enfant, son premier roman, auto-édité, est un franc succès et donnera suite, je l'espère, à d'autres romans du même acabit.
N'hésitez pas à échanger, commenter, partager, dans la joie, la bonne humeur et le café ! ☺

Ma note : 8/10
Intrigue : 9/10
Style : 7/10
Immersion : 8/10
Synopsis :
Jusqu'où seriez-vous prêts à aller pour retrouver votre enfant ?
Le jeune Théo a disparu sans laisser de traces, au grand désespoir de sa mère, Amanda. L'enquête piétine jusqu'au jour où la police reçoit un étrange message : « Si l'on ne joue pas, très tôt sonnera le glas. »
La vie de l'enfant ne tient plus qu'à un fil. Les instructions du mystérieux expéditeur sont claires : il faut se plier au jeu pour retrouver Théo avant la fin du compte à rebours...
Le combat pour la vérité commence et Amanda n'a qu'une seule règle : ne jamais abandonner.
Que cache en réalité cette disparition ?
En bref... (pas simple de faire bref, mais je vais essayer ☺)
C'est sous la surveillance de son père, que Théo disparaît au parc alors que Marc n'a détourné les yeux que quelques minutes. Le monde d'Amanda s'écroule. Elle rejette son mari, le tenant pour responsable. Mais aucun corps ne vient certifier que l'enfant est mort. Alors que les semaines défilent, les chances de retrouver Théo s'amenuisent et Amanda se perd un peu plus dans les limbes profondes de la dépression. La police tourne en rond, désemparée par la manque d'indices. Alors que tous baissent peu à peu les bras, un message anonyme vient relancer l'enquête et nourrir la détermination d'Amanda qui ne reculera devant rien pour retrouver son fils. L'expéditeur veut jouer avec la mère éplorée et avec la police déconcertée. Les indices qu'il sème apportent plus de questions que de réponses, à tel point qu'il devient impossible pour Amanda de savoir à qui elle peut se fier.
Le complot bien ficelé du tortionnaire vaudra même à la mère de Théo un séjour en psychiatrie, alors que tous la pense aux prises avec la folie tant ses découvertes semblent invraisemblables.
À propos de L'auteure :
C'est à la suite d'un rêve que Laura Vaissaud se décide à écrire Dessine-moi un enfant. Alors qu'elle a pleinement conscience que créer a, pour elle, toujours été une évidence, elle persévère pour faire de ce rêve une réalité. Livresque, tout du moins.
« Ma décision était prise, Dessine-moi un enfant deviendrait mon premier roman »
Mon avis :
On pourrait croire, au premier abord, que l’intrigue ressemble à beaucoup d’autres et que le dénouement sera prévisible. C’est d’ailleurs ce que j’ai pensé. Grossière erreur ! Bien que les histoires d’enlèvement et/ou de meurtre d’enfant sont monnaie courante sur les étagères des librairies, celle-ci fait office d’exception ! L’auteure joue avec nous, à l’instar du ravisseur de Théo qui joue avec la police et Amanda. Plus l’intrigue avance et plus on doute de tout le monde ! Tout comme Amanda. On soupçonne la meilleure amie d’Amanda, puis ses voisins, son mari, la police, une journaliste… Tout le monde pourrait être impliqué, et en même temps, personne. On échafaude des théories toutes plus farfelues les unes que les autres et on se ramasse quelques chapitres plus loin. Certains indices sont pourtant décisifs et ne trompent pas (j’ai deviné une partie de la fin, mais beaucoup plus tardivement que dans mes habitudes !)
Tous ceux qui me connaissent pourront vous le dire : deviner la fin des histoires, c’est ma spécialité ! Alors si je vous dis que celle-ci est inattendue, vous pouvez me croire !
Tout est cohérent, très bien construit, les indices sont parsemés avec justesse laissant le lecteur dans le même état d’impuissance qu’Amanda dans la résolution de cette enquête qui va bien plus loin qu’un simple enlèvement d’enfant. Les enjeux sont bien plus grands ! Ne vous fiez pas aux apparences. Dans ce récit, le mal n’est vraiment pas là où on l’attend !
J’ai particulièrement aimé retrouver les pensées de Théo dispersées au long du roman, sur ce qu’il vivait, à l’instant où il le vivait, avec ses mots d’enfant. L’auteure a su s’imprégner de chaque personnage et les retranscrire avec précision et harmonie dans un style simple, à la portée de tous.
Néanmoins, j’ai capté une faiblesse dans le récit. Lorsque l’intrigue se met en place, j’ai trouvé une redondance de paragraphes étalant la peine et la désolation d’Amanda. Cela ralentissait considérablement le rythme du récit et devenait quelque peu ennuyeux. Ce qui n’enlève rien à la qualité de l’intrigue dont le rythme effréné du dernier tiers nous tient en haleine jusqu’au dénouement final !
Enfin, déformation professionnelle, j’ai dénombré quelques fautes d’orthographe et de ponctuation, ce que je trouve toujours dommage, surtout dans un récit comme celui-ci.
J’en profite pour rappeler aux auteurs autoédités que rien ne vaut une correction professionnelle ! Il est dommage de décrédibiliser un récit à cause de quelques coquilles…
Le petit extrait pour vous mettre l'eau à la bouche.
Marc répéta les instructions que Josiane lui avait données. Amanda fit bonne figure. Elle n’avait aucune envie de faire la fête. Mais ce jour semblait important pour son mari. Il lui avait même fait un cadeau. Ce présent était loin d’être celui qu’elle espérait, le seul qui était d’une valeur incommensurable : son fils. Marc avait tout de même fait un effort. Elle pouvait donc au moins prétendre s’intéresser à son hortensia. L’homme déposa la plante sur la table de la cuisine. Amanda remplit un grand verre d’eau qu’elle répartit sur le terreau et décida de brasser le terreau avec ses mains. Lorsqu’elle travaillait encore pour Josiane, Amanda aimait sentir le terreau avec ses mains. Pour elle, c’était une communion avec la nature et un geste d’amour pour cette terre qui nous permettait de grandir et de vivre. Josiane avait toujours trouvé cela étrange, Marc aussi d’ailleurs. Amanda fit de même avec sa nouvelle acquisition. Ce geste lui procura un certain plaisir jusqu’à ce qu’elle sente quelque chose de bizarre sous ses doigts. Elle gratta un peu plus le terreau et vit apparaître une partie d’un petit sac poubelle blanc opaque.
— Marc, appela-t-elle inquiète.
Il s’approcha.
— Regarde, il y a quelque chose dans le pot !
— C’est quoi ce sac ? demanda-t-il en s’approchant.
— Je ne sais pas. Aide-moi à le sortir !
Marc s’exécuta et ils grattèrent ensemble la terre pour récupérer le sac poubelle.
— Où est-ce que tu as récupéré cet hortensia ? Laisse-moi deviner ! dit Amanda sans laisser le temps à son mari de répondre. Chez Josiane, c’est ça ?
— Oui, je voulais te faire plaisir. C’est elle qui a insisté pour que je te le donne.
— Je l’ai, dit Amanda en tenant le sac à la main. Il n’est même pas fermé, nota-t-elle.
Les questions se bousculaient dans sa tête. Qu’est-ce que ce sac cachait ? Pourquoi Josiane avait-elle insisté pour que Marc prenne cette plante en particulier ? Le cœur battant, elle sortit délicatement l’objet de son sac. Une basket. En la voyant, ses yeux se voilèrent et elle fut emportée par la pénombre. Elle sentit son corps la lâcher et elle s’effondra sur le sol telle une poupée de chiffon, la chaussure glissant de ses mains. Sa tête heurta le carrelage. Marc put entendre le bruit sourd du crâne de sa femme contre le sol et n’eut pas le temps de la rattraper. Il se précipita vers elle. Sa femme gisait sur le sol, les yeux révulsés. Lorsqu’elle revint à elle après plusieurs longues minutes que son mari vécut comme un calvaire, Amanda eut l’impression qu’on lui martelait le crâne et elle porta la main à sa tempe, à la limite du cuir chevelu. Ses doigts fins parcoururent la peau en tremblotant. Elle avait une sacrée bosse et elle sentait un liquide poisseux s’écouler sur son visage. Du sang. Grimaçant, elle agrippa la main de son mari.
— Marc, murmura-t-elle la bouche tordue par la douleur, remontre-moi la chaussure !
Il obéit et lui présenta la chaussure comme un présent maudit. Amanda la prit les mains tremblantes et l’examina de plus près. La chaussure était une basket à crampons utilisée par les joueurs de foot. Le revêtement était abîmé par endroits. Amanda retourna la chaussure. C’était du trente-cinq. Elle eut des sueurs froides. Elle la retourna de nouveau et inspecta l’intérieur. Tout l’intérieur visible de la basket était de la couleur du sang séché. Amanda poussa un cri glaçant, un cri qui venait de l’intérieur de ses tripes.
— Chérie, qu’est-ce qu’il y a ? S’alarma Marc ? Ne me dis pas que…
— Tu n’as pas compris ? demanda-t-elle paniquée, la respiration saccadée.
— Comprit quoi ? demanda-t-il en s’agitant.
— C’est la basket de Théo.