Elodie Jonquoy
Ma bêta-lecture de "L'évadé du temps"
Comme je vous le disais dans mon précédent billet, je rédigerai dorénavant des articles sur mes bêta-lectures favorites, celles qui me font vibrer, sur lesquelles reposent tous mes espoirs. Voici la première d'entre elles.
Ma note : 8.7/10
Couverture : 9/10
Histoire : 10/10
État actuel* : 7/10
Mon pronostic après réécriture : 9/10
*Le roman est en phase de réécriture consécutive à la phase de bêta-lecture. Cette note est basée sur la version que j'ai analysée, qui sera quelque peu différente de la version finale.
Je vous plante le décor :
Et si tout ce que nous connaissons de l’Histoire ou des légendes, n’était le fait que d’une seule personne… Un homme, un seul, agissant par amour, par peur ou sous l’impulsion de la colère déclenchant malgré lui une succession d’événements sans pouvoir les contrôler. Vous êtes-vous déjà demandé ce qui avait fait sombrer l’Atlantide ? Vous êtes vous déjà posé des questions sur le mystère qui plane autour des pyramides égyptiennes ? Vous êtes-vous déjà interrogé sur les conséquences qu’impliqueraient des voyages dans le temps ?
Au travers de son roman « L’évadé du temps », Élodie Jaffré nous propose des réponses à ces mystères et à bien d’autres. En suivant Adonis et le cours de sa longue vie, vous voyagerez à travers le temps et l’espace accompagné d’un homme aux multiples facettes aussi attachant qu’effrayant. Vous découvrirez la grandeur de son amour et la puissance de sa fureur. À moins que vous ne l’ayez déjà rencontré…
Ce que j'en pense :
Je ne me suis jamais autant attachée à un personnage. Je vais vous faire une confidence : c’est même la première fois que je rêve de l’un d’entre eux ! Il est si bien construit, si bien décrit, si attachant, si complexe… Son histoire est incroyable et ce roman découle d’une telle logique qu’on parvient, au terme de sa lecture, à se demander si de tels événements relèvent réellement de la fiction.
« J'ai commencé mon roman à 16 ans et l'ai achevé à 40 ans.»
Voici la confidence que m’a faite Élodie Jaffré. « C’est énorme » me direz-vous. Vous avez raison. Mais quand on voit l’implication, le travail de recherche colossal de l’auteure, la construction si parfaite de l’intrigue et la logique qu’elle a créé au travers de son livre, on ne peut que saluer une telle prouesse.
J’ai avoué à Élodie que, dans quelques années, j’aimerais ouvrir ma propre maison d’édition et que, si celle-ci était déjà ouverte, je l’aurais édité sans aucun doute ! J’ai même hésité à concrétiser ce projet dès maintenant uniquement pour ce récit ! (c’est vous dire à quel point je le trouve remarquable !) Mais soyons raisonnables, « la patience est un plat qui se mange sans sauce » (en tant que fervente admiratrice d’Alexandre Astier, de son univers et, particulièrement, de Kaamelott, vous trouverez fatalement quelques références dans mes posts ☺)

En attendant...
Si vous avez envie de découvrir « L’évadé du temps », je vous partage cet extrait et je ne manquerai pas de vous prévenir quand j’aurai la date de sa sortie ! Régalez-vous et n’hésitez pas à partager, commenter, échanger dans la joie, la bonne humeur et le café !
« Il demeure sur ses gardes autant qu'il le peut. Tout particulièrement en voyant que les deux femmes se sont enfermées dans la cuisine pour jouer aux cheffes cuisinières, ce que tous trouvent peu ordinaire pour deux jeunes femmes qui n’ont jamais cassé un œuf de leur vie ! Quoi qu’il en soit, le soir venu, tout le monde est surpris des plats qui leur sont présentés. Elles avouent s’être longuement entraînées sur des poulets achetés au marché. À table, elles demandent la permission d’y inviter Adonis. Elles disent s’en vouloir du mal qu’elles lui ont fait. Elles ont tout de même failli le tuer avec ce vase ! C'est pourquoi, exceptionnellement, un domestique est autorisé à venir s’asseoir à table avec ses maîtres. Il arrive, gêné, honteux d’être ce qu’il est à l’endroit où il est. Il ne se sent pas à sa place. Rébecca l’invite à s’asseoir à ses côtés. Pour la première fois de sa vie, le bel Ange se fait servir. Lucie demande à ce qu’on lui serve la cuisse de la plus grosse pintade de la table. Adonis, en croisant son regard par mégarde, en a les larmes aux yeux. Non pas qu'il soit ému, mais plutôt qu'il ne discerne pas bien ce qu'il ressent en lui. Quelque chose ne tourne pas rond. Il a peur. Il tremble comme une feuille. Rébecca n'est pas rassurée non plus, elle lui suggère de ne pas toucher à son assiette. Et si l'on essayait de l’empoisonner ? S’il ressent cela, ce n’est sûrement pas pour rien. Justine, qui voit bien le malaise de son ami, saute de sa chaise. Elle court vers lui et mord dans son pilon. L'adolescente se dit que si elles ont voulu l’empoisonner, les cousines vont réagir. Seulement, il ne se passe rien. Au contraire, elles sourient d'un air satisfait ! Le doute étant levé, tout le monde se met à dévorer ce délicieux repas, pensant qu'il s'agit probablement d'un gage de paix.
Au terme de ce festin, Cécile et Lucie demandent à leur invité un peu spécial :
« Alors vagabond ? Es-tu repu ? »
Adonis qui a peu mangé, par malaise plus que par peur, répond d'un air suspicieux :
« Oui, merci Mesdames.
— Sommes-nous bonnes cuisinières ?
— Très bonnes, Mesdames.
— C’est vrai que cette volaille était délicieuse. N’est-ce pas Cécile ?
— Oh oui, Lucie ! Très ferme ! On aurait dit comme du… attends un peu... Un peu comme du faucon ».
Elles se mettent à rire. Adonis semble comme électrocuté. Ses yeux deviennent fous ! Il regarde sur la table, un plat après l’autre, puis chacune des assiettes vides en terminant par la sienne. Il se relève, les yeux exorbités de terreur ! Il fixe ces deux harpies qui ricanent à gorge déployée. Il fait un «non» frénétique de la tête. Karen, une main sur la bouche, a des haut-le-cœur. La mère jette sa fourchette dans l’assiette comme si l'on venait de lui faire avaler de la chair humaine. Adonis regarde les deux pestes droit dans les yeux, l’une après l’autre : « Je ne pleurerai pas. Je ne céderai pas. Vos âmes sont plus noires que l’âme du Grand cornu. Soyez maudites, Sorcières… » Les cousines sont outrées par tant d’irrespect :
« Comment oses-tu ? Tu n’es qu’un domestique. Tu n’es rien !
— La merde d’un pou vaut mieux que vous deux réunies.
— Oh ! » Les cousines exigent son renvoi immédiat. Pour calmer tout le monde, Rébecca prend Adonis par le bras. Ses yeux deviennent méprisants, personne n’avait encore jamais vu la comtesse avec ce regard. Celui-ci ne lâche pas les cousines tant qu’elles sont face à elle. À cet instant, les deux garces comprennent qu’elles sont peut-être allées trop loin. Adonis sort et Rébecca le suit. Elle le prend dans ses bras, mais il ne l’enlace pas en retour. Justine se jette sur Lucie et la gifle violemment ! Elle ne bouge pas, surprise d’incompréhension. Puis, elle fait un pas vers Cécile, et la gifle également. Elle avance encore d’un pas, et elle se fige devant sa tante. La gifle tombe à nouveau et sa mère accourt pour la stopper. Justine est inébranlable. Elle ne bouge pas d’une once de millième de millimètre. Les seuls mots qui sortent de sa bouche sont : « Ce sont vos filles. Vous les avez ainsi faites. Mal faites ».
La mère pose sa main sur son cœur. Que venait de dire sa petite fille ? Justine s’enfuit pour retrouver son Adonis, son meilleur ami durant ces sept dernières années de sa vie. Elle le retrouve, les yeux dans le vague, il ne pleure pas. Elles ne couleront donc jamais ces larmes ? Il retourne à sa chambre, marchant tant bien que mal… Pourtant, dans un dernier élan d’espoir, il réussit à courir jusqu’à la fenêtre où il hurle d’un cri qui vient du plus profond de ses entrailles en brandissant son poing : « HIERAAX !!! HIERAAX !!! » Mais Hierax ne vient pas. Lui qui n’est jamais loin. Lui qui, après avoir fait retentir son cri dans les airs, vient toujours se poser sur le bras de son maître… Il ne s’y posera plus jamais… C’est alors qu’Adonis met ses doigts dans sa bouche et se fait vomir par la fenêtre. Il se fait vomir encore et encore, jusqu’à ne plus vomir que de l’air. Il faut toute la force et l’amour de Rébecca pour le faire cesser. À ce moment-là, Justine comprend qu’il ne s’en remettra pas, son Roi de la débrouille. Il n’y arrivera pas ce coup-ci.
Après un court instant de réconfort dans les bras de sa princesse, il se lève, descend les marches qui grincent sous ses pas, et s’engouffre dans l’écurie. Immobile devant Pégase, il décide de le seller. Où veut-il aller ? Son obstination est sans bornes. Mais, comme terriblement usé par la vie, il tombe à genoux contre son cheval, son front posé contre le sien. C’est alors que tous les autres chevaux l’entourent et le reniflent, y compris le terrifiant Sultan. Les chiens accourent. Les chats également. Au loin, on peut entendre les poules, les oies, les dindons, les pintades… Tous deviennent fous, enfermés dans leur poulailler ! Même le coq se met à chanter ! Impossible de savoir ce qui est en train de se passer. L’air s’emplit d’électricité. Si Rébecca et Justine se frôlent, une décharge se fait instantanément ressentir. L’adolescente regarde, ébahie, son petit médaillon en fer se soulever et pointer vers son ami. Accroché à son cou, il ne peut cependant aller nulle part et reste là, figé dans les airs. Rébecca porte dans ses cheveux, des épingles faites de fer également. Une à une, elles jaillissent de sa chevelure et vont se coller sur Adonis. Même les boucles en fer du licol de Pégase semblent vouloir s’échapper. Elles deviennent écarlates et cela rend fou l’animal. Adonis, quant à lui, n’est plus là que par le corps. Il est stoïque, complètement détaché de tout. Soudainement, ses poings se serrent très fort. Dans un dernier cri d’espoir, il hurle de tout son être ! Un cri déchirant qui transperce l’atmosphère ! Les chevaux s’excitent, les chiens hurlent tels des loups et les chats se battent. Justine sent une brûlure autour de sa nuque. Elle a vraiment très mal ! C’est son médaillon et sa chaîne qui sont devenus incandescents. Quelle horreur ! Elle se bouche les oreilles afin de ne plus entendre tous ces cris d’agonie autour d’elle. Même Rébecca se met soudainement à hurler ! Pourquoi ? Pourquoi hurle-t-elle ? Justine s’écarte un peu. Elle est maintenant aveuglée par une lumière intense. L’ambiance devient glaciale et de la vapeur s’échappe de la bouche de l’adolescente. Quand la lumière s’estompe subitement, elle entend sa mère l’appeler au loin. Courant à sa rencontre, elle lui demande, paniquée :
« La lumière ! Vous avez vu la lumière ?
— Mais, quelle lumière ? Il fait nuit noire ! »
Justine ne sait pas vraiment ce qu’elle a vu. Elle les mène dans la grange pour demander à Rébecca, mais en arrivant sur place, la stupeur l’envahit. Justine sent ses jambes se dérober sous elle. Devant ses yeux, l’incompréhensible se joue. Ils sont tous allongés au sol. Tous les chevaux sont morts, à l’exception de Pégase qui semble étourdi. Mais tous les chiens et les chats… et même Rébecca ! Elle gît là, les cheveux décoiffés… Plus loin, dans le poulailler, toutes les volailles sont mortes également. Au-dehors, autour de la grange, des dizaines d’oiseaux recouvrent le sol. Des mulots, des taupes et même des chauves-souris ! La plupart des domestiques ont également succombé. Seuls s’en sont sortis indemnes ceux qui se trouvaient à l’arrière du manoir. Le petit Andrew, dans sa chambre face à la grande cour, a également été touché. Tous ceux qui se sont trouvés dans le périmètre de colère d’Adonis viennent de trépasser. »